La trajectoire scolaire des enfants d'immigrés français

La question de la scolarité des enfants d'immigrés français en 13 minutes.




 

Définitions des termes


Ce qu'on entend par le terme "immigré" :

“Selon la définition adoptée par le Haut Conseil à l'Intégration, un immigré est une personne née étrangère à l'étranger et résidant en France. Les personnes nées françaises à l'étranger et vivant en France ne sont donc pas comptabilisées. À l'inverse, certains immigrés ont pu devenir français, les autres restant étrangers. Les populations étrangère et immigrée ne se confondent pas totalement : un immigré n'est pas nécessairement étranger et réciproquement, certains étrangers sont nés en France (essentiellement des mineurs). La qualité d'immigré est permanente : un individu continue à appartenir à la population immigrée même s'il devient français par acquisition. C'est le pays de naissance, et non la nationalité à la naissance, qui définit l'origine géographique d'un immigré.”

INSEE
 

Enfant d’immigré en chiffre : La France comptait 7,3 millions de descendants d’immigrés en 2017, selon l’Insee. Il semblerait qu’ils soient plus nombreux que les immigrés eux-mêmes. En effet, les immigrés ne sont que 5,9 millions en France.


Ce qu'est la "trajectoire scolaire" :
 
“La trajectoire scolaire est la succession des classes suivies depuis l’école primaire, sans tenir compte des redoublements. L’enchaînement des cycles scolaires répond pour la plupart des élèves à une logique inhérente au système éducatif : primaire, collège, lycée (professionnel, technique ou général), 1er cycle du supérieur, 2e cycle du supérieur, 3e cycle du supérieur. Les trajectoires conformes à cette logique sont qualifiées de « standard » ; les autres trajectoires, qui comportent au moins une réorientation, sont « atypiques »”
INSEE

immigrés français

La mobilité sociale se définit comme le changement de statut social entre celui des parents et celui des enfants. Cette mobilité peut être synonyme d’ascension sociale (quand le statut des enfants est plus élevé que celui des parents : passer d’ouvrier à cadre par exemple) ou de déclassement (passer de cadre à employé).

Il y a aussi la reproduction sociale qui désigne en sociologie le fait de rester immobile par rapport au statut des parents.

La mobilité sociale (ascension sociale ou déclassement) et la reproduction sociale sont définies et orientées par le capital détenu par les parents et la famille :

- économique (moyens financiers détenus)

- culturel (maîtrise de la langue, accès à la culture, etc.)

- social (connaissances avec d’autres classes sociales, réseau, etc.).

Les différents capitaux détenus par chaque famille est différent et détermine ainsi le parcours des enfants.






Une étude de l’INSEE montre que le niveau scolaire des parents d’immigrés a augmenté au fil des années.

En effet, les immigrés arrivés avant 1981 avaient des parents très peu, ou pas scolarisés (dans 34% des cas, aucun des deux parents n’avait jamais été à l’école). Seulement 7% d’entre eux avaient des parents ayant atteint l’enseignement supérieur.

Parmi les immigrés venus en France entre 1998 et 2006, 19% d’entre eux avaient des parents qui n’étaient jamais allés à l’école. 26% d’entre eux avaient des parents ayant atteint l’enseignement supérieur.

Enfin, depuis 2007, 13% d’entre eux avaient des parents qui n’avait jamais été à l’école et 33% d’entre eux avaient des parents ayant été jusqu’à l’enseignement supérieur.

à La meilleure scolarisation des grands-parents des enfants d’immigrés pourrait donc expliquer que ces enfants sont aujourd’hui disposés à accéder à l’école dans de bonnes conditions et à accéder à des postes de plus en plus élevés socialement.







Pourtant, en moyenne, les enfants d’immigrés occupent des positions sociales plus défavorisées que la population majoritaire. En effet, 42,1% des enfants descendants d’immigrés sont ouvriers et 13,8% sont cadres. Pour la population majoritaire, 29,7% sont ouvriers tandis que 19,9% sont cadres.

Cela s’explique par leurs positions sociales différentes : malgré l’augmentation du niveau de diplômes des immigrés, ils ont en général des origines sociales plus faibles que les autres.

Existe-t-il des déterminismes sociaux pour les enfants d'immigrés ?


En cours d'édition ...

Quelle orientation scolaire pour cette population spécifique ?
 

Pour répondre au "choc Pisa", la mise en œuvre de la nouvelle carte de l'éducation prioritaire a pour ambition de corriger les inégalités en concentrant les moyens humains et financiers vers les territoires qui en ont le plus besoin.

Politique d'égalité des chances, la carte de l'éducation prioritaire concerne des réseaux qui rapprochent des écoles, des collèges - et parfois lycées - pour favoriser la continuité des apprentissages tout au long de la scolarité obligatoire. Le plus souvent, elle couvre des établissements implantés dans des quartiers urbains défavorisés mais aussi dans certaines zones rurales dont l'emplacement géographique rend difficile la mise en place d'une réelle mixité sociale.

Au fil du temps, elle était devenue hétérogène et peu lisible. Des écoles et collèges qui accueillent un public plus favorisé que la moyenne nationale s'y trouvaient encore tandis que d'autres qui font face à des difficultés grandissantes n'y figuraient pas. Conduite en 2013, la réforme de l'éducation prioritaire a permis un premier déploiement de 102 réseaux d'éducation prioritaire plus (REP+) dès la rentrée 2014. Effective depuis la rentrée 2015,  la nouvelle carte comprend 350 REP+ et 739 REP. L'éducation prioritaire comprendra 1 089 réseaux.

La scolarité des enfants d’immigrés par Louis-André Vallet et Jean-Paul Caille

L’analyse longitudinale des parcours que connaissent les enfants d’immigrés dans le système scolaire français conduit à trois conclusions principales parmi lesquelles seule la première apparaît largement connue. D’une part, les enfants d’immigrés comptent parmi les élèves qui encourent les plus grands risques de difficultés ou d’échec scolaires, d’orientation vers les filières peu prestigieuses du système éducatif comme de sortie précoce de celui-ci.

D’autre part, lorsque l’analyse statistique est utilisée pour démêler l’écheveau des influences et séparer ce qui tient en propre à l’origine nationale de ce qui relève des caractéristiques objectives du milieu familial et social, cette première conclusion doit être renversée : au sein des populations défavorisées, les enfants d’immigrés sont en moyenne inscrits dans une trajectoire scolaire plus positive que les autres élèves. Enfin, l’explication principale de ce dernier résultat est à rechercher dans les aspirations éducatives plus fortes et les demandes d’orientation plus ambitieuses qu’expriment les familles immigrées,comparativement aux autres familles dotées des mêmes ressources matérielles et culturelles.

Où sont-ils scolarisés ?

Etude 1 : BARTHON Catherine, Les scolarisés des enfants d’immigrés dans l’académie de Versailles : à la recherche des effets de contexte, 1996, Espace, populations et sociétés,

https://www.persee.fr/doc/espos_0755-7809_1996_num_14_2_1771


1) Sur ce qu’on entend par enfants d’immigrés :

Catégorisation statistique de l’Education nationale reposant sur le critère de nationalité


—> en faisant référence à la seule nationalité, on occulte toute la partie des élèves issus de l’immigration (c à d nés de parents immigrés) = seuls les enfants de nationalité étrangère font l’objet d’un dénombrement distinct)

—> les enfants naturalisés français ou nés en France de parents immigrés sont de fait comptabilisés avec l’ensemble des élèves


2) Répartition territoire :


- Région Ile-de-France particulièrement concernée, avec les Académies de Paris (23,2%), Versailles (15%, académie dont le nombre est le plus important avec 150 747 en 1993-94) et Créteil (19,6%). Au moment de l’étude, on observait une proportion d’africains en hausse (9,3% en France mais 15,2% dans l’académie de Versailles)


- Département des Hauts-de-Seine le plus contrasté : département le + riche de France qui est aussi le + contrasté sociologiquement (la part des ménages non-imposables est environ 2 fois + élevée dans le nord (Gennevilliers et Villeneuve-la-Garenne) que le reste du territoire)




Mis à jour le 16 avril 2019